Ethnographie critique des langues et cultures minorisées

 

 

Séminaire doctoral animé par Jacques Guyot dans le cadre de l’ED Sciences Sociales (ED 401).

 

Les anthropologues se sont très tôt intéressés aux conditions de production de leur activité scientifique, notamment aux questions éthiques, épistémologiques et politiques que suscitaient leurs pratiques sur des terrains généralement marqués par les logiques de la colonisation. Le statut, le rôle et les méthodes des anthropologues ont également été l’objet de réactions très négatives de la part des membres de communautés indigènes ayant compris combien ils étaient instrumentalisés et réifiés par un regard analytique extérieur, paré des vertus de la scientificité. Pour reprendre les mots de Malinowski, « Qu’est-ce donc que cet art magique de l’ethnographe, grâce auquel il parvient à percer à jour la véritable mentalité indigène, à brosser un tableau authentique de l’existence tribale ? » (Malinowski, 1989 : 62)

Si le travail de terrain est désormais difficile, c’est que la défiance s’est installée chez l’Autre, sujet de son histoire sociale, partie prenante de la dynamique des rapports sociaux et généralement averti des enjeux ethnographiques (Barley, 2001). Parallèlement, les anthropologues ont dû interroger leurs présupposés théoriques, sortir d’une vision exotique, voire essentialiste de l’Autre et prendre en compte les réalités sociales concrètes. Nécessaire réciprocité des échanges, des expériences et des savoirs, c’est dans l’interaction entre théorie et pratique, entre engagement en faveur des dominés et posture scientifique, mais aussi et surtout entre celui qui pratique l’ethnographie et l’enquêté que réside une approche ethnographique capable de co-construire une connaissance commune. Loin d’un art magique, loin également du rêve de l’exotisme (Bensa, 2012), c’est à ce travail réflexif et critique qu’invite ce séminaire autour des enjeux posés par l’ethnographie des peuples et langues minorisées.

 

NB : Toutes les séances auront lieu à l’Université Paris 8 (Métro Saint-Denis—Université, ligne 13), en B106, de 10h à 13h.

 

PROGRAMME DES SÉANCES :

 

Séance 1 – vendredi 20 mai – 10H00-13H00
Alban Bensa : « La fin de l’exotisme. »

 

Séance 2 – vendredi 27 mai – 10H00-13H00
Julie Peghini et Nadine Wanono : « Histoires de vie à Mayotte. »


Séance 3
– vendredi 3 juin – 10H00-13H00
Erica Guevara : « Enquête sociologique dans les médias communautaires et indigènes de Colombie. »


Séance 4
– vendredi 10 juin – 10H00-13H00
Jean-Paul Loubes : « Stratégies chinoises de transformation de l’espace au Turkestan chinois (Xinjiang Ouighour.) »


Séance 5
 : vendredi 17 juin– 10H00-13H00
Barbara Loyer et Jérémy Robine : « Cartographie des minorités. »