Pour une éducation critique aux médias (2018)

 

Séminaire doctoral animé par Alexandra Saemmer et Sophie Jehel, université Paris 8, CEMTI, dans le cadre de l’ED Sciences Sociales (ED 401).

Toutes les séances auront lieu à la Maison des Sciences de l’Homme Paris Nord
20 Avenue George Sand, 93210 Saint-Denis
Métro Front Populaire
Salle 409, de 14h à 17 h

Présentation

Interdiction des téléphones portables à l’école, contrôle renforcée des médias et des plateformes sociales pour agir contre les fake news – l’année 2018 a commencé avec des annonces gouvernementales qui touchent de près la thématique du séminaire que nous organisons, depuis 2015, autour de l’éducation critique aux médias en contexte numérique. Les politiques d’éducation continuent à se développer dans des directions différentes et parfois contradictoires, encourageant d’une part l’introduction massive d’outils numériques dans les apprentissages et avertissant d’autre part des risques psycho-sociaux de l’accoutumance aux dispositifs mobiles ; acceptant d’une part que Microsoft ou Apple prennent en charge une partie de l’équipement technologique des classes et de la formation des enseignants, et visant d’autre part une posture réflexive vis-à-vis des médias, des réseaux et des contenus dans toutes leurs dimensions, y compris économique et éthique ; encourageant la production et le partage d’informations sur les réseaux sociaux numériques par l’apprenant, et reconnaissant d’autre part l’urgence de sensibiliser à l’exploitation des traces par les entreprises.

Après une première édition du séminaire qui a proposé une introduction générale aux enjeux de l’éducation critique aux médias, nous avons en 2016 étudié de plus près comment les industries du numérique essaient de « pré-figurer » les pratiques de recherche d’information, d’expression et de communication par diverses stratégies. Nous nous sommes intéressées également aux « contre-figurations », aux modalités de résistance et de détournement des stratégies marchandes, qui laissent quand même pressentir une marge de choix et d’engagement.

Dans cette troisième édition du séminaire, nous invitons des auteurs de publications récentes à approfondir des problématiques qui nous sont apparues comme transversales parce qu’elles concernent le fonctionnement économique ou algorithmique des plateformes (séances 1, 2, 3, 5), son impact sur la qualité de l’information (séance 3) ou sur les interactions numériques entre les adolescents (séance 4) et le téléphone, support déterminant pour le développement et les modalités des pratiques numériques (séance 6). Nous poursuivrons la mise en perspective historique des imaginaires sociaux qui, depuis les années 1980, encadrent les pratiques de l’informatique connectée et ont une influence indéniable sur les politiques publiques. Nous continuerons à penser conjointement les contenus informationnels et leur design, au sein des dispositifs de conception et de diffusion en étudiant leurs dimensions technique, économique et politique. Nous mettrons un accent fort sur le décryptage des idéologies qui structurent de l’intérieur la mise à disposition, payante ou prétendument gratuite, des outils de création et de partage, l’architecture des réseaux et leur code, ainsi que la forme des artefacts culturels qui y circulent. Nous essaierons de décrypter les stratégies d’exploitation politique et marchande des pratiques. Nous nous intéresserons aux normes qui structurent les pratiques, aux systèmes de domination qu’ils servent.

En nous appuyant sur des méthodes empruntées à l’économie politique de la communication, à la sémiotique, à la sociologie des usages et aux études du design, nous engagerons un débat sur les méthodologies de l’éducation aux médias en contexte numérique et, à partir des propositions apportées par nos invités, essayerons de développer des outils critiques pour une pratique de terrain dans différents contextes pédagogiques, de l’école primaire à l’université.

Programme

23 février 2018 séance 1

Camille Alloing – Julien Pierre
A partir de l’ouvrage Le Web affectif. Une économie numérique des émotions Paris, I.N.A., 2017
Discutant : Sébastien Appiotti

 

2 mars 2018 séance 2

Coralie Le Caroff
A partir du chapitre « Le partage de l’actualité politique sur les profils personnels de Facebook », dans #info. Commenter et partager l’actualité sur Twitter et Facebook, éd. Arnaud Mercier et Nathalie Pignard-Cheynel, OpenEditionBooks, 2018.
Discutante : Erica Guevara

Victor Demiaux
Comment permettre à l’homme de garder la main ? à propos du rapport de la CNIL « Les enjeux éthiques des algorithmes et de l’intelligence artificielle » (décembre 2017). (sous réserve)

 

9 mars 2018 séance 3 Salle 409

Romain Badouard
A partir de l’ouvrage Le Désenchantement de l’Internet : désinformation, rumeur et propagande, Paris, FYP, 2017.
Discutant : Pascal Froissart

Guillaume Sire
A partir de l’ouvrage Les moteurs de recherche, La Découverte, 2016.
Discutant : Arthur Lefèvre

 

16 mars 2018 séance 4 Salle 409

Sigolène Couchot Schiex et Gabrielle Richard
« À 12 ans tu montres ton corps, sale chienne ». Cyberviolences à caractère sexiste et sexuel, un nouveau phénomène de socialisation adolescente ?
A partir de l’étude financée par le Centre Hubertine Auclert.
Discutante : Ludivine Demol

 

23 mars 2018 séance 5

Nikos Smyrnaios
A partir de l’ouvrage Les GAFAM contre l’internet : Une économie politique du numérique, Paris, I.N.A., 2017.
Discutant : Jacob Matthews

 

30 mars 2018 séance 6

Laurence Allard
A partir du chapitre « De l’hypertexte au ‘mobtexte’ : les signes métissés de la culture mobile. Ecrire quand on agit. », dans Les objets hypertextuels. Pratiques et usages hypermédiatiques, éd. Caroline Angé, Iste Editions, 2015.
Discutante : Nolwenn Tréhondart
Conclusion : Sophie Jehel – Alexandra Saemmer