Le projet scientifique

Les SIC (Sciences de l’information et de la communication, 71e section du CNU) ont, dès l’origine de la discipline, adopté un positionnement faisant converger les apports des sciences sociales, littéraires, du langage, de l’éducation, politiques et économiques permettant d’induire des questionnements transversaux. Le CÉMTI réunit ses chercheurs autour de la volonté d’articuler l’étude communicationnelle des médias à la prise en compte des lignes de force sociales, économiques, culturelles, en tenant compte de la spécificité des espaces, des dispositifs, des acteurs médiatiques et des politiques publiques qui les concernent. Les activités scientifiques du CÉMTI s’appuient sur un commun dénominateur épistémologique, dont les trois principales caractéristiques sont les suivantes :

  • une inscription dans les sciences sociales ;
  • un principe d’interdisciplinarité ;
  • une perspective critique.

Une inscription dans les sciences humaines et sociales

Le CÉMTI revendique son attachement aux sciences humaines et sociales, qui apparaissent comme le domaine académique pertinent pour penser les théories sociales de la communication. Les activités scientifiques du CÉMTI mobilisent donc une épistémè dont le principe est à même de décrire, d’analyser, de comprendre et d’évaluer les faits sociaux de communication, i.e. de rendre compte des pratiques des sujets sociaux en tant qu’ils sont membres de divers collectifs et qu’ils participent de dynamiques communicationnelles variées mobilisant médias, TIC, idéologies et industries culturelles. Le CÉMTI considère que les faits sociaux de communication sont toujours en rapport avec des fins sociales qui relèvent de rapports de force, de formes de domination, de rapports de sens et de rapports pratiques, et que l’individu et le collectif sont intégrés à un même système de relations mettant en lien des structures mentales et comportementales et des structures sociales. Le CÉMTI privilégie des approches attentives à la fois à la genèse sociale des schèmes de perception, de pensée et d’action et aux structures sociales (notamment médiatiques) qui en cadrent la portée. Les membres du CÉMTI partagent ainsi une approche qui pose que les réalités sociales doivent être comprises à la fois dans leurs genèses et dans leurs structures.

Un principe d’interdisciplinarité

Le CÉMTI encourage les dispositions à l’interdisciplinarité. Cette dernière permet en effet d’éviter l’hyperspécialisation, de lutter contre la dispersion des sciences sociales et humaines en disciplines académiques mutuellement indifférentes, ainsi que de comprendre des faits sociaux de communication comme des réalités dynamiques, plurielles, contradictoires, dépendantes les unes des autres. Les membres du CÉMTI sont particulièrement attentifs à établir un cadre d’exercice répondant aux normes de l’esprit scientifique dont la vocation est de produire des connaissances scrupuleusement conquises, construites et constatées. L’interdisciplinarité oblige à s’appuyer sur un principe empirico-théorique qui va à l’encontre, à la fois, de l’empirisme sans concepts ; et du théoricisme qui fait l’économie de l’administration de la preuve. Il s’agit d’élargir l’idée de faits communicationnels pour considérer, comme des aspects de ce qu’ils sont, à la fois le processus par lequel ils sont devenus ce qu’ils sont, et les médiations (médiatiques, culturelles, techniques, etc.) dans lesquelles ils se situent. 

Une perspective critique

Le CÉMTI se démarque des impératifs d’expertise et fait fond sur des perspectives critiques, réaffirmant une filiation avec les origines de l’Université de Paris VIII. Le CÉMTI revendique donc l’approche critique comme nécessité conduisant à mettre au jour, à analyser et à évaluer des ordres sociaux. Les recherches du CÉMTI s’appuient sur l’exigence d’un rapport qui doit être maintenu entre la théorie et la pratique. Ce que préconise la perspective critique, c’est de se poser la question (en théorie) de sa réalisation pratique, de se placer sous condition de la pratique, laquelle devient un critère de jugement de la connaissance et de son utilité critique, sachant que ladite pratique est censée trancher non sur la validité scientifique, mais sur la pertinence politique du savoir. Les problématiques mobilisées ne rejettent évidemment pas l’objectivité, mais elles considèrent que cette dernière est une construction sociale, et les concepts sur lesquels elles s’appuient mêlent donc description, analyse et jugement. La critique se construit ainsi contre l’illusion de l’appréhension immédiate du monde et contre le sens commun. Les perspectives du CÉMTI s’inscrivent ainsi dans une entreprise de dénaturalisation des rapports sociaux qui fondent les divisions arbitraires de l’ordre social, et dans un travail collectif d’invention politique et d’analyse des dissymétries sociales, notamment en termes de pouvoir, de domination, d’inégalités, d’illusions, de pathologies et d’injustice sociales.