Communication & Langages #212 Étudier les communautés interprétatives et émotionnelles

Communication & Langages #212
Étudier les communautés interprétatives et émotionnelles

Numéro co-dirigé par Virginie Julliard et Alexandra Saemmer

(accessible sur CAIRN)

Résumé

Un grand nombre de recherches en sciences de l’information et de la communication ont visé ces dernières décennies à déconstruire les stratégies déployées par les instances de production d’artefacts culturels, à partir de manifestations langagières et du matériau sémiotique. Certaines démarches ont couplé l’analyse de l’articulation stratégique des signes à une réflexion sur la variabilité des pratiques interprétatives, en fonction des « contextes » culturels et sociaux, et en fonction des filtres interprétatifs mobilisés par le sujet ou par des communautés « interprétatives » et « émotionnelles ». Ces démarches se fondent souvent sur une hybridation des cadres théoriques et des méthodes relevant de la sémiotique, de la sociologie et des cultural studies.
Cette hybridation, ces « bricolages » au sens que Michel de Certeau a donné à ce terme, ont amené les contributrices de ce numéro à redéfinir l’héritage critique de leurs démarches. Il s’agit non seulement de cerner au plus près ce que recouvre la notion de « contexte » et les enjeux que soulève son étendue, mais plus largement, la manière par laquelle des cadres théoriques et concepts analytiques, médiations, ainsi que les représentations et habitudes de pensée mobilisés par le sujet agissent sur les processus interprétatifs. Certaines contributions à ce dossier relatent des expérimentations méthodologiques, par exemple dans le cadre d’ateliers d’écriture ou de débats interprétatifs qui agrègent des communautés de participants autour d’un objet à analyser, ou du développement d’un outil informatique d’aide à l’exploration de corpus impliquant une explicitation des gestes d’analyse. D’autres contributions visent plutôt à saisir les « intensités affectives » présidant à des formes d’attention avant même que s’engagent des processus interprétatifs.
Les expérimentations de terrain présentées posent la question du rôle accordé à la/au chercheur-se et aux enquêté-es et communautés d’enquêté-es. Toutes les auteures reconnaissent le caractère situé de la production de connaissances, qu’elle émane des publics ou des universitaires, et questionnent la validité des postures opérant la déconstruction des implicites.
Chaque contribution participe au projet du dossier de conduire une réflexion sur les démarches interprétatives en SIC, et s’efforce de répondre à certaines des tensions ou questions irrésolues qui les habitent.

Sommaire

Lucile Coquelin & Alexandra Saemmer – De quoi le zombie est-il le signe, et pourquoi ? Sémiotique sociale du marcheur dans la série The Walking Dead

Sarah Lécossais – Éléments pour une approche discursive des séries télévisées

Amandine Pailhes & Giuseppina Sapio – Une photo à soi et des errances sémiologiques : pour une socio-sémiotique des images et des textes

Nolwenn Tréhondart – Sémiotique et formation à l’esprit critique en numérique

Adrien Pequignot – « Love me Tinder, love me sweep » aside. Rétro-ingénierie sociale d’une application de rencontres

Nelly Quemener – De l’approche critique des représentations aux dynamiques affectives. Comment repenser le statut du matériau discursif et symbolique ?

Virginie Julliard – Communauté politique, communauté sémiotique. Ce que la circulation des images révèle de la structuration de la mobilisation anti-genre sur Twitter
 

VARIA

Anthony Glinoer – Les modèles de la communication dans les études littéraires

Luca Di Gregorio & Clarissa Colangelo – Un roman-photo déviant ? Glissements culturels et sociologiques d’un genre sentimental dans la presse magazine belge et française (1967-1972)